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Exploration cryptos (1/4) : Et si le Bitcoin n’était qu’une crypto parmi 17 000 ?

Alors qu’en janvier 2022 le cours du bitcoin retombe autour de 33 000$ après avoir atteint un record historique de 69 000$ à peine quelques semaines plus tôt, l’engouement pour les cryptomonnaies ne semble pas s’essouffler. Pure bulle spéculative pour les uns, noyau du futur système monétaire pour les autres ou pilier d’une nouvelle société décentralisée, rarement un sujet aura fait couler autant d’encre… et à juste titre !

Selon les Échos, 221 millions de personnes possédaient des cryptomonnaies en juin 2021, soit deux fois plus que l’estimation faite par l’université de Cambridge en 2020 (qui représentait déjà trois fois celle de 2018). Cependant, si nous avons tous entendu parler des buzzwords que sont le bitcoin, les cryptomonnaies et la blockchain, rares sont ceux qui en connaissent leurs concepts, leurs diversités et leurs applications quotidiennes.

Pour quelles raisons le Bitcoin a-t-il été créé ? Quelle est sa relation avec la blockchain ? Pourquoi existe-t-il autant de cryptomonnaies différentes ? A quels besoins répondent-elles ? Autant de sujets que nous aborderons au cours de cet article et qui vous permettront de façonner demain votre stratégie.

Une brève histoire du Bitcoin

Tout d’abord, il faut bien comprendre que si l’engouement pour les cryptomonnaies est récent, le Bitcoin l’est moins.

Dans les années 1990, les Cypherpunks, un groupe d’activistes californien, alertait sur le risque que faisait peser le développement explosif d’internet et l’exposition des données en ligne sur les concepts primordiaux de liberté et de vie privée. Selon eux, la centralisation nuit à la société et le respect de l’anonymat doit devenir primordial.

Déjà à cette époque, la recherche de transactions directes entre individus utilisant une monnaie électronique posait la problématique de la double-dépense : si à l’ère numérique, tout est reproductible, comment s’assurer de l’authenticité d’une transaction ? Comment s’assurer que lorsque j’ai transféré de l’argent électronique, je n’en dispose plus, à l’image d’un billet de banque remis, et ne peux pas de nouveau le dépenser ?

Pour répondre à cette question, il faut créer une « authenticité numérique », un véritable défi technique qui retardera le développement des premières monnaies virtuelles de plusieurs années et finira par trouver sa solution dans le concept de la blockchain. Après la B-Money et le BitGold, créés dans les années 90 sans application réelle, il faudra attendre 10 ans et l’une des publications les plus connues aujourd’hui, Bitcoin : A Peer-to-Peer Electronic Cash System[1], pour voir aboutir cette idée.

Ce papier, publié sous la signature de Satochi Nakamoto, n’est autre que le livre blanc du Bitcoin. Avant sa publication officielle, Nakamoto l’envoie à une liste de cryptographes (dont certains Cypherpunks), puis il le publie le 31 octobre 2008, au cœur de l’une des crises les plus mémorables de la finance de marché. Nakamoto, dont l’identité reste encore inconnue à ce jour, décrit tous les concepts nécessaires à la création du Bitcoin. Il rappelle dès son introduction, le concept de base de Bitcoin : la possibilité de certifier par la blockchain chaque transaction, sans tiers de confiance. Quelques mois plus tard, le code relatif au bitcoin est également rendu public.

Le 3 janvier 2009, le premier bloc de bitcoin est miné. Cela signifie que les premières transactions ont été inscrites en ligne de code par des individus ayant mis la puissance de calcul de leurs ordinateurs à disposition et rémunéré en fraction de bitcoin. Le bitcoin a alors pour valeur 0,0006$, en espérant que la confiance dans le protocole permette une augmentation rapide de la valeur. La première transaction physique connue du bitcoin est celle de 2 pizzas en 2010 pour 10 000 bitcoin (~300 millions de dollars actuels). Avec cette première transaction, le bitcoin devient une monnaie utilisable dans la vie de tous les jours sans que celle-ci repose sur aucune banque centrale ni gouvernement.

Dans un premier temps, la monnaie jouit d’une mauvaise réputation auprès des gouvernements, qui l’accusent d’être devenue la monnaie de l’anonymat (Affaire des dons pour WikiLeaks en 2010).

Début 2011, le bitcoin atteint la parité avec le dollar. Depuis le cours n’a cessé de s’envoler, avec des périodes d’intenses fluctuations, notamment à cause de phénomènes spéculatifs violents inhérents à l’introduction de toute nouvelle technologie en rupture, pour atteindre 69 000$ fin 2021.

Evolution du cours du Bitcoin depuis 2013

Quel lien avec la blockchain et le minage ?

Plusieurs idées révolutionnaires prennent forme dans le Bitcoin :

  • Un réseau indépendant des banques et des gouvernements est créé, le réseau Bitcoin (avec un B majuscule), qui valide et enregistre l’ensemble des transactions dans le monde.
  • Les coûts d’entretien du réseau sont rémunérés avec la monnaie du réseau, le bitcoin (avec un b minuscule).
  • L’ensemble des transactions effectuées est partagé par tous les utilisateurs dans un registre commun, la blockchain.
  • Tous les contributeurs au réseau, par leur puissance de calcul mise à disposition, certifient chaque transaction et les rendent infalsifiables.

Public et décentralisé. Ce sont bien ces deux attributs qui offrent à la blockchain de multiples domaines d’applications. Toutes les transactions confirmées sont inscrites dans une chaine d’écriture qui, bloc de transaction après bloc de transaction, constitue la fameuse “blockchain”.

Le minage est le processus qui permet « d’écrire » les transactions dans la blockchain. Lorsque quelqu’un effectue une transaction, cette transaction est insérée dans un bloc avec d’autres transactions en attente. Les mineurs (qui sont en réalité des ordinateurs avec une grande puissance de calcul) vont être mis en compétition pour valider le bloc. Une fois le bloc validé, il est inscrit dans la blockchain et les transactions qu’il contient sont validées. La blockchain contient donc l’intégralité des transactions qui ont été effectuées depuis le lancement du Bitcoin. Plus les blocs s’accumulent, plus l’information des blocs précédents est sécurisée.

Miner un bloc est coûteux en termes de ressources de calcul, cependant vérifier un bloc ne l’est pas. De ce fait, chaque ordinateur peut aisément vérifier chaque bloc. C’est grâce à ce principe de vérification par chaque utilisateur que le réseau est sûr.

Figure 1 : Illustration du processus de minage (extrait du site bitcoin.fr)

 

Le Bitcoin : une structure limitée qui explique la tendance haussière de son cours

Tous les 210 000 blocs minés (environ tous les 4 ans, le dernier datant de 2020), un « halving » a lieu automatiquement et vient modifier 2 propriétés de la blockchain :

  • La division par 2 de la récompense reçue par les mineurs pour chaque bloc validé
  • La complexité pour miner du bitcoin est multipliée par 2, augmentant la puissance nécessaire pour miner.

Ce processus est lié à la limitation de la quantité de bitcoin (21 millions de Bitcoin, potentiellement atteinte en l’an 2140). Théoriquement, il permet de pouvoir ajuster la puissance nécessaire au minage à l’évolution de la puissance disponible sur le réseau et de maintenir une cadence de validation de bloc proche de 10 minutes. En pratique, des ajustements ad hoc peuvent survenir en réponse à des chocs exogènes perturbant la puissance de calcul disponible (comme le bannissement des mineurs en Chine à l’été 2021).

Le Bitcoin a permis d’établir une monnaie virtuelle de référence à l’échelle mondiale, d’échanger de l’argent en se passant de banques, de devises nationales et d’un tiers de confiance. Toutefois la cryptomonnaie a également ses défauts : il est impossible de faire des transactions instantanées, il est difficile de gérer un volume trop important de transactions, et le minage est extrêmement gourmand en ressources énergétiques.

C’est pour tenter de pallier ces défauts et pour y superposer bien d’autres fonctionnalités que de nombreuses autres cryptomonnaies voient le jour.

Pourquoi existe-t-il différentes cryptomonnaies ?

A partir de 2011, de nombreuses autres cryptomonnaies permettant le transfert de valeur voient le jour. Si c’est bien cette idée de monnaie décentralisée qui était le concept de base, aujourd’hui, les domaines d’applications sont nettement plus vastes : gestion de données sensibles, contrôle de la chaîne d’approvisionnement, Smart Contract et tant d’autres … Il y a début 2022, presque 17 000 cryptomonnaies recensées sur le site coinmarketcap, référence des indicateurs liés aux cryptomonnaies. Chacune de ces cryptomonnaies porte dans son code une innovation unique répondant à une problématique spécifique. Elles sont souvent créées par des organismes privés et portées ensuite par le réseau décentralisé de mineurs, en suivant leur propre voie de valorisation.

Les cryptomonnaies principales se caractérisant par leur caractère open source, certains projets s’appuient sur les blockchains déjà existantes et viennent y ajouter de nouvelles fonctionnalités. On distingue donc les cryptomonnaies dites layers 1, les blockchains initiales, et les layers 2, qui apposent une couche additionnelle au protocole initial, c’est-à-dire qu’elles rajoutent des propriétés à celles de la blockchain initiale existante.  Les cryptomonnaies les plus connues comme le Bitcoin ou l’Ethereum(ETH) sont des layers 1 et sont donc chacune le point de départ de vastes écosystèmes. C’est sur l’Ethereum que repose à ce jour l’écosystème le plus vaste, à l’image de layers 2 tels que Polygon (MATIC), Chainlink(LINK), Loopring (LRC) ou Helium (HNT).

Cependant l’Ethereum rencontrant des difficultés à supporter la montée en puissance de son réseau (comme l’augmentation du nombre de transaction par seconde) et donc à faire face à son engorgement, certaines cryptomonnaies préfèrent s’adosser à des layer 1 émergeants comme Cardano (ADA), le français Tezos (XTZ), Polkadot (DOT), Avalanche (AVAX) ou encore Solana (SOL).

C’est notamment le cas de l’Audio une cryptomonnaie anciennement basée sur Ethereum qui a migré vers Solana.

La blockchain, un segment porteur pour votre stratégie ?

A l’image des start-ups qui les façonnent, les cryptomonnaies sont créées pour résoudre des problématiques réelles, tout en se positionnant comme les pionnières d’un système financier décentralisé.

Leurs objectifs ?

Se passer des institutions, des banques, des intermédiaires pour fluidifier et rendre intelligents les transferts d’information, tout en accordant une place importante à de nouveaux principes éthiques (transparence, autonomie, décentralisation). Chaque cryptomonnaie répond à sa manière à ces enjeux par son propre projet innovant basé sur la blockchain.

Toutefois ce marché est encore aujourd’hui en structuration, en témoigne la volatilité des cours. Le foisonnement de projets ouvre la porte à l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché. Comprendre plus en profondeur les applications réelles par des exemples choisis permet à chaque entreprise d’imaginer sa stratégie et ses solutions sous l’angle de la blockchain. Pour vous éclairer, notre prochain article traitera de la manière dont ces problématiques sont identifiées et résolues par un usage efficace de la blockchain par des organisations provenant des quatre coins du globe.

Sources :

  • La Tribune
  • Les Échos
  • Le Parisien
  • Forbes
  • Courrier International
  • Coinmarketcap
  • Le Monde
  • Cryptoast

Texte co-écrit avec Clément Duval, sous la supervision d’Adrien Guigon.

 

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